J’ai connu Raymond Catteau à Rome en 1980 lors d’un stage organisé par la FSGT et la UISP (union italienne sport populaire).
Ex nageuse, avec mon diplôme fédéral « d’instructeur de natation » j’apprenais à nager déjà aux enfants de l’école de natation à Venise, job d’étudiante pendant mes études en langues et littératures étrangères.
Dès la première rencontre avec Raymond Catteau, au bord d’un bassin avec un groupe d’enfants dans un centre sportif de Rome, j’ai compris que j’allais en faire mon métier.
Au delà de la pédagogie, sa formation nous ouvrait sur des encrages pluridisciplinaires, physiologiques, psychologiques, physiques, sur un monde nouveau où l’approche de l’eau devenait une expérience multi-sensorielle où l’élève devenait acteur de son aisance aquatique.
A son contact tout paraissait si simple et en même temps si recherché. Fruit de son expérience qu’il avait du mal, à l’époque, à faire passer en France, il disait « nul est prophète dans son pays ». Après Rome, Venise, ….nous avons tous adhéré à son concept : l’importance de la familiarisation pour devenir un nageur complet. Il me disait : « en France c’est un vrai métier…. les Maîtres-Nageurs Sauveteurs enseignent la natation dans le cadre scolaire et ils dépendent de trois ministères: Sport, Santé et Éducation nationale ». C’est en 1983 au CREPS de Wattignies près de Lille, que j’ai suivi sa formation et obtenu le diplôme d’état. Il m’a conseillé de postuler à la piscine de Boulogne Billancourt où « tu peux appliquer la pédagogie moderne de la natation sans problème.. » alors que ailleurs on imposait encore les ceintures aux non nageurs, le tâtonnement sans artifice pour flotter faisait peur ….il y a eu des générations de français tétanisés à la vue de l’eau par des souvenirs désagréables au contacts des méthodes à la limite du supportable… Son discours était généreux et emphatique, fin psychologue et très ouvert à l’autre. Il va nous manquer ..en ce moment où le métier prend de l’eau avec des formations revues à la baisse, des animations qui se veulent aquatiques qui nous font perdre de vu l’importance fondamentale et vitale d’apprendre à nager. Mes ancêtre, les romains, disaient d’un homme ignorant « il ne sait ni lire, ni nager », nager est une éducation et l’ eau un métier. Merci Raymond pour tout ce que tu a donné à ce métier .
Elena Pusiol