Malheureusement pour la profession, les nouvelles émanant du Ministère chargé des Sports ne sont pas bonnes. Depuis l’enquête de Santé Publique France lors de l’été 2018, le gouvernement a demandé au Ministère chargé des Sports d’endiguer ce nombre de noyades mortelles qui a été très élevé.
Roxana MARACINEANU, la ministre chargée des Sports, a pris le dossier à bras le corps en créant un plan de lutte contre les noyades. Il s’articulait sur plusieurs points, dont celui de la réforme de la profession de MNS.
Sous prétexte qu’il manque trop de MNS, qu’il faut accentuer leur mission d’enseignement, et que la surveillance des baignades (notamment l’été) est une priorité, le Ministère chargé des Sports modifierait le contexte de surveillance des baignades d’entrée payante.
Le MNS, qui a la compétence d’enseignement et de surveillance, peut être assisté d’un BNSSA lors de la surveillance d’un établissement d’accès payant. Il a la possibilité d’être en autonomie sur dérogation préfectorale, pour une durée de 4 mois chaque année. Cette dérogation vient à la suite d’une impossibilité pour l’employeur de recruter des MNS pour un accroissement saisonnier, et doit en donner la preuve au préfet.
Qu’est-ce qui changerait avec cet arrêté ?
L’arrêté qui sortira bientôt modifierait plusieurs points dans la surveillance :
- La dérogation n’existerait plus, et les BNSSA auraient la possibilité de surveiller de façon autonome les bassins d’accès payant pendant 6 mois chaque année.
- Le Plan d’Organisation de la Surveillance et des Secours serait rédigé par un MNS, qui constitue la clef de voute de la sécurité des baignades.
- Dans ce POSS, le MNS devra y prévoir les modalités de surveillance (dynamique et statique, en autonomie ou en assistance), l’alternance des missions d’enseignement et de surveillance, l’organisation régulière d’exercice de simulation d’accidents, ainsi que la désignation du rôle de chacun lors d’un accident.
- L’obligation d’un bouton d’arrêt coup de poing des pompes dans toutes les piscines en France.
Les MNS saisonniers sont clairement en danger face à cette modification de modalité de surveillance.
Qu’en pense le SNPMNS ?
Le SNPMNS est inquiet des mises en application sur le terrain. Qui va vérifier que les BNSSA sont autonomes uniquement 6 mois dans l’année ? Qu’en est-il des cours de natation et d’aquagym délivrés dans les établissements ? Ces piscines qui ouvrent moins de 6 mois chaque année auront alors la possibilité de n’embaucher que des BNSSA. Qui rédigera le POSS ?
Le but est d’ouvrir le champ des possibles en termes de surveillants pour aider à la mise en place de zones de baignades. L’été est une période où ce nombre augmente considérablement, et de plus en plus chaque année avec le réchauffement climatique. Mais les collectivités ont de moins en moins de budget pour créer ces zones de baignades, et permettre l’embauche de surveillants (MNS ou BNSSA) sur la période estivale. Nous avons des doutes sur la réelle visée de cet arrêté.
Nous pouvons néanmoins noter une amélioration : le Ministère chargé des Sports nous a tenu au courant de cette évolution avant que le décret et l’arrêté ne paraissent au Journal Officier de la République Française. Malheureusement, et nous l’avons bien notifié lors de la réunion, nous n’avons pas possibilité d’adapter le décret et l’arrêté, qui ne sont assez bien bornés et qui amènent à plusieurs interrogations. Tout n’a pas été réfléchi pour que la mise en application soit facile sur le terrain. De plus, augmenter l’autonomie des BNSSA n’est pas une bonne tactique : cela ne règlera pas le problème de pénurie des MNS, qui ne restent pas dans la profession à cause des conditions de travail et du salaire qui se dégradent au fil des ans.