La gestion de l’eau dans les piscines publiques fait l’objet d’une attention croissante, tant pour des raisons sanitaires que pour des considérations environnementales et économiques. Parmi les pratiques encadrées par la réglementation, la vidange annuelle des bassins constitue une opération courante, visant à assurer la qualité de l’eau et la sécurité des usagers. Toutefois, cette exigence est aujourd’hui réinterrogée à la lumière de l’évolution des techniques de traitement de l’eau, des enjeux liés à la raréfaction de la ressource et des objectifs de développement durable. Cette remise en question soulève de nombreux débats entre impératifs de santé publique, contraintes techniques et responsabilité écologique.

Un équilibre délicat entre sécurité et durabilité

Les partisans de la vidange annuelle soulignent avant tout les impératifs sanitaires qui en découlent. En effet, malgré les avancées dans les technologies de filtration et de traitement de l’eau, le maintien d’une eau propre et sûre pour les usagers reste un enjeu majeur. En l’absence de vidange régulière, l’accumulation de micro-organismes, de résidus organiques et de produits chimiques peut compromettre la qualité de l’eau. Ces éléments peuvent créer un environnement propice au développement de bactéries et de virus, augmentant ainsi les risques d’infections cutanées, respiratoires, ou autres maladies transmissibles par l’eau.

De plus, la vidange annuelle permet de procéder à un entretien approfondi des installations, notamment des systèmes de filtration, de traitement de l’air et des bassins eux-mêmes. Ce nettoyage régulier garantit une bonne circulation de l’eau et prévient l’apparition d’odeurs désagréables ou d’autres désagréments pouvant affecter l’expérience des baigneurs.

Une pratique remise en question : vers des alternatives plus durables ?

Cependant, dans un contexte où la gestion de l’eau devient un enjeu de plus en plus pressant, certains experts et collectivités remettent en cause cette pratique. Ils pointent du doigt la quantité d’eau utilisée pour les vidanges annuelles et les impacts environnementaux associés, en particulier dans les régions soumises à des restrictions d’eau. Le recours à des technologies plus modernes, telles que l’ozone, les rayons UV ou des systèmes de filtration plus performants, permet de maintenir une eau de qualité sans avoir recours à une vidange systématique.

Le SNPMNS s’est emparé de cette question complexe, et afin d’avoir des éléments factuels, nous avons proposé un questionnaire de santé à tous les acteurs travaillant en piscine.

Nous avons pensé cette enquête en fonction de plusieurs thèmes :

– Hygiène et nettoyage : le but est de connaître les habitudes de ménage des ERP piscines, les éventuelles protections lors de l’utilisation des produits spécifiques s’agissant de la ligne de gras.

– Traitement de l’eau : les analyses de l’eau sont un sujet névralgique au sein des ERP piscine car elles sont actuellement le meilleur moyen de connaître la qualité de l’eau et de l’air ainsi que leur impact direct sur les usagers et professionnels évoluant au sein des ERP piscines.

– Personnel techniciens chaufferie : les corps de métier au sein d’un ERP piscines sont divers, et les techniciens des chaufferies sont directement en lien avec les bassins et l’équilibre de l’eau.

La synergie entre les techniciens et les MNS est primordiale pour une stabilité des résultats d’analyse et du traitement de l’air.

– Traitement de l’air CTA (ventilation) : deuxième élément crucial qui est directement en lien

avec la qualité d’accueil de l’établissement, ainsi que celle de l’air ambiant au niveau des bassins.

– Eléments réglementaires pour la sécurité au travail : le respect de la législation autour de la sécurité et la santé au travail donne souvent une idée de l’implication de la direction dans le respect des normes.

– Vidange fermeture technique : outre la vidange des bassins qui permet de remettre à zéro les paramètres physico-chimiques de l’eau, la vidange est un moment important qui permet la mise en place d’autres temps forts, également indispensable pour la bonne organisation et tenue de l’ERP piscine.

– Impressions visuelles de l’ERP piscine : outre les comportements des professionnels qui évoluent au sein de l’établissement, il nous apparaissait important de permettre aux MNS de constater l’état réel de leur établissement.

Conclusion : un défi complexe

Cette remise en cause de la vidange annuelle pose ainsi un dilemme : comment concilier la nécessité de garantir la sécurité des baigneurs et le respect des normes sanitaires, avec l’impératif de préserver les ressources en eau et de minimiser l’impact écologique ? Si des solutions alternatives semblent se dessiner, elles soulèvent par ailleurs des interrogations sur leur efficacité et leur capacité à maintenir un niveau de sécurité optimal pour les usagers. Il est donc essentiel de trouver un juste équilibre, tenant compte à la fois des avancées technologiques et des besoins de préservation des ressources naturelles.